Jan Verbeke a étudié l'architecture à Gand. « Après mes études, c'est là que j'ai restauré mon premier stuc. J'avais une chambre d'étudiant au Caermersklooster. J'y ai notamment conservé et restauré le stuc rococo de la sacristie. J'avais donc de l'expérience en matière de couvents », déclare-t-il en riant.
Plafonds en stuc de Hansche
À l'Abbaye du Parc, Jan Verbeke s'est penché sur le stuc du maître stucateur Hansche. « Hansche est l'auteur de deux réalisations à l'Abbaye de Parc : les plafonds historiques de la bibliothèque et du réfectoire. Ce sont des œuvres d'art uniques qui datent de la fin du 17e siècle. »
« Le stuc a été appliqué sur un lattis en bois, fixé aux lourdes solives à l'aide de clous en fer forgé. Sur ce lattis, Hansche a utilisé du mortier de chaux afin de réaliser des scènes impressionnantes qui représentent des personnages humains et animaux », explique Jan Verbeke.
Le stuc du réfectoire présentait des fissures sévères depuis un certain temps, de sorte que le plafond menaçait de s'écrouler. « En outre, certaines parties du stuc se détachaient par endroits à cause des mouvements du bâtiment. D'importants dégâts risquaient de survenir », déclare Jan Verbeke.
Retour à la couche d'origine
Les travaux ont débuté en septembre 2018. Jan et son équipe ont vite remarqué que de l'eau s'était infiltrée sur le côté du plafond. « En collaboration avec des ingénieurs spécialisés dans ce domaine, nous avons étudié comment résoudre ce problème. Les solives pourries ont été retirées et remplacées par de nouvelles, en époxy. Ce travail était dangereux, car le stuc risquait de tomber. »
Le but de la restauration était de retrouver la couche (de peinture) d'origine du plafond. « Au fil des ans, le stuc a été peint à plusieurs reprises, de sorte que les détails fins ont disparu. Nous avons prudemment retiré les couches de peinture, jusqu'à ce que nous atteignions le stuc. Les détails sont ainsi redevenus visibles. »
Pour y parvenir, Jan et son équipe ont ramolli les couches de peinture à l'aide de compresses humides et ont utilisé des scalpels. « Un travail de bénédictin, mais dont l'évolution était visible. Tout le monde admire notre patience. »
« Je fais ce travail par amour du savoir-faire authentique d’autrefois », explique Jan Verbeke.
Jan et son équipe ont travaillé jour après jour, à quatre. « Chacun pouvait ainsi travailler sur une partie et poser en permanence des questions aux autres membres de l'équipe. Une fois que toutes les couches de peinture étaient éliminées, nous avons pu véritablement évaluer les fissures. Nous avons refixé les fragments originaux dessus, à l'aide d'un enduit liquide, identique à l'enduit d'origine. »
Savoir-faire
Jan Verbeke est-il un artiste ? Outre son bagage technique et scientifique, il possède sans conteste une âme d'artiste. « Je fais ce travail par amour du savoir-faire authentique d'autrefois. De telles choses ne se font plus aujourd'hui. Nous sommes heureux d'avoir pu restaurer ces pièces uniques. Chaque intervention, chaque traitement est étudié dans les moindres détails au préalable. »
La restauration de ce stuc n'est qu'une partie des travaux en cours, mais Jan en souligne l'importance. « Le fait que cette tâche soit réservée à des restaurateurs spécialisés dans ce domaine est une énième preuve que tout dans l'abbaye est traité avec beaucoup de respect. La ville de Leuven choisit la qualité. Nous avons dès lors veillé à ce que notre travail sur les plafonds conserve toute sa splendeur à l'avenir », conclut Jan.